communaut et leveurs, ensemble pour les cours d'eau

Avec 4.600 kilomètres de cours d'eau, à la tête de 5 bassins versants affluents de la Dordogne, le territoire de Haute-Corrèze Communauté joue un rôle majeur pour la qualité des eaux. « Nous sommes ce qu'on appelle un territoire de sources avec 70 % de petits cours d'eau qui font moins de 2 mètres de large et un chevelu très dense de 2,3 kilomètres de cours d'eau au km2 en moyenne », indique Pascaline Seguy, chargée de mission Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi) à Haute-Corrèze Communauté. Les cours d'eau sont bordés à 45 % par des prairies d'élevage : le travail avec les agriculteurs s'est donc imposé comme un axe majeur, permettant d'atteindre un bon état des masses d'eau, comme le demande la directive-cadre européenne.

Préservation de tronçons prioritaires de cours d'eau

Le programme consiste à mettre en défens les cours d'eau, c’est-à-dire clôturer les berges et aménager des points d’abreuvement, des descentes aménagées, et des points de franchissement pour le bétail ou les engins agricoles : gués, passage sur demi-buse… Engagé dès 2013, sur certaines des anciennes communautés de communes, le programme s'est accéléré en 2017 avec la fusion de 6 communautés de communes au sein de Haute Corrèze Communauté. « Le nouveau projet de territoire a élargi la dynamique à l'ensemble du périmètre avec 4 chargés de mission Gemapi, 1 par grand secteur géographique, qui travaillent avec une méthodologie commune », souligne la chargée de mission. La taille du nouveau territoire a nécessité une priorisation des bassins-versants, en cohérence avec les objectifs de la directive-cadre sur l’eau et le projet de territoire de la collectivité. Les actions préciblées au programme pluriannuel de gestion 2019-2023 ont été définies au regard de l’état des masses d’eau, de la présence de captage d’eau potable, de sites de baignade, de patrimoine naturel remarquable et du diagnostic de terrain disponible.

Penser l'eau dans un projet agricole global

Les parcelles étant choisies, Haute Corrèze Communauté a sollicité l'antenne locale de la Chambre d'agriculture de la Corrèze pour identifier les agriculteurs concernés par le programme annuel. À l'automne, chaque chargé de mission Gemapi a rencontré les éleveurs ciblés volontaires pour mieux comprendre leurs motivations et besoins. De son côté, le conseiller territorial de la Chambre d'agriculture a profité du projet « eau » de l'EPCI pour rechercher avec l'éleveur le meilleur aménagement technique de sa parcelle : « Nous parlons d'abreuvement au champ et de pâturage tournant, pour optimiser la production fourragère, limiter le piétinement et l'érosion du terrain, précise Jean-Robert Loge, conseiller territorial à la Chambre d'agriculture de Corrèze. L'éleveur donne ensuite un accord oral sur la base d'un projet de travaux sur carte avec estimatif financier. La réalisation du projet peut se faire intégralement en autoconstruction ou en prestation externe, selon le choix des exploitants. Dans tous les cas, la pose des clôtures en bord de cours d’eau est réalisée par l’exploitant. »

Des chantiers de juin à septembre

Chaque dossier est ensuite validé en comité de pilotage (voir encadré), avant vote en conseil communautaire pour inscription au budget. En février, les procédures de marchés publics sont lancées : une consultation pour les travaux en prestations (terrassement et apport de graves) avec plusieurs lots sur le territoire, une autre pour la fourniture de matériel de clôture (piquets, fil, isolateurs…) et de bois, directement auprès des fournisseurs locaux. Le budget sur devis est ensuite transmis aux éleveurs et la convention les liant à l'EPCI signée. À la mi-mai, les fournitures arrivent sur les sites et les chantiers se déroulent de juin à septembre, pour éviter les premières pluies d'octobre.

50 km de cours d'eau déjà réaménagés

Depuis 2013, 87 chantiers réalisés sur 43 exploitations ont permis d'aménager 50 km de cours d'eau. En parallèle, l'abreuvement et le pâturage ont été optimisés sur 802 hectares de parcelles agricoles, au bénéfice de la qualité de l'eau. « Nous essuyons encore parfois des refus : les éleveurs peuvent s'inquiéter de l'entretien supplémentaire lié aux nouvelles clôtures », note la chargée de mission Gemapi. « Sur les parcelles les plus humides, il est aussi parfois nécessaire de faire le deuil de quelques mètres carrés de terrain comme zones tampons, ça n'est pas toujours facile », ajoute le technicien agricole territorial. Mais la dynamique est globalement bonne et sur les territoires qui ont été aménagés en 2013, certains éleveurs s'engagent désormais seuls : « Ils sont convaincus et n'attendent plus les aides financières, c'est très encourageant », précise la chargée de mission Gemapi.

La sécheresse, une nouvelle donnée

66 exploitations sont fléchées jusqu'en 2023 par Haute-Corrèze Communauté. La collectivité mise notamment sur les élus municipaux pour être relais du programme sur le terrain. Mais les chargés de mission Gemapi observent aussi avec inquiétude les étiages estivaux depuis 2 étés : « L'abreuvement va devenir un vrai problème en période de sécheresse. Nos projets doivent intégrer à la réflexion tous les points d'eau pour trouver de nouvelles solutions : aménagements sur cours d’eau, de sources, captages sur étangs... Il est nécessaire de mieux comprendre le fonctionnement hydrogéologique du territoire. » En ce sens, la collectivité va s’attacher à améliorer ses connaissances en réalisant des observations in situ et en prenant l’attache de structures compétentes dans le domaine. Les ressources souterraines constituent une réserve invisible mais fondamentale pendant les périodes d’étiage.

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