le manque de concertation irrite les grandes villes


Le conseil municipal de Lille a adopté dans la nuit de vendredi 9 au samedi 10 octobre, après plusieurs heures de débat, un moratoire sur les déploiements de la 5G sur son territoire. Cette motion "sursoie à toute autorisation d’implantation ou d’allumage d’antennes "test" liées à la technologie 5G" jusqu’à la publication du rapport de l’Anses (attendu pour le printemps 2021). "Parce que nos doutes persistent tant du point de vue sanitaire que de la sobriété numérique sur le déploiement de la 5G nous avons voté un moratoire (…)  il est urgent d’attendre" a tweeté la maire de Lille Martine Aubry. La majorité municipale demande également un abaissement du seuil maximal d’exposition aux ondes électromagnétiques à 4 volts par mètre et estime que le déploiement de la 5G doit s’accompagner d’une extinction de la 2G et de la 3G. 

De la participation aux expérimentations au moratoire

La portée de cette motion reste cependant très limitée. D’une part, elle ne concerne que la ville de Lille, la municipalité enjoignant la métropole de prendre une décision similaire, ce qui est loin d’être acquis. Par ailleurs, comme l’a rappelé à deux reprises le Conseil d’Etat (notre article), les maires sont incompétents en matière de déploiement de la téléphonie mobile ; celle-ci relevant de la compétence exclusive de l’Etat. Dans une interview au journal Le Parisien parue ce week-end du 10/11 octobre, Cédric O, secrétaire d’État au numérique a dénoncé "une tartufferie incompréhensible" tout en annonçant un renforcement du dispositif de mesures des ondes électromagnétiques. Il est vrai qu’on trouve à Lille les mêmes paradoxes qu’à Nantes ou à Rennes. En 2018, à un moment où la 5G rimait encore avec smart city et innovation, les trois villes se battaient pour accueillir des expérimentations 5G. Akim Oural, élu au numérique à Lille a du reste tenu à préciser au journal Le Monde que la ville n’était "ni pour ni contre la 5G" mais que la municipalité souhaitait "répondre aux questions des lillois" en organisant un débat.

France Urbaine demande plus de transparence

La position du "ni ni" est du reste celle défendue par France Urbaine dont la commission "numérique et innovation" a débattu du sujet le 2 octobre dernier. Tout en reconnaissant le peu de marge de manœuvre des élus concernant le déploiement de la 5G, l’association estime que les grandes villes ont leur mot à dire sur "une technologie qui a des incidences en matière d’aménagement du territoire, de politique sanitaire et environnementale comme de développement économique". Sans prendre parti sur le fond de la controverse environnementale et sanitaire, France Urbaine demande à l’Etat plus de "transparence" et la concrétisation de son engagement à créer une "commission de suivi des déploiements de la 5G". Elle soutient enfin l’organisation de débats citoyens à l’échelle locale, comme Bordeaux, Paris et désormais Lille s’y sont d’ores et déjà engagées. 

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