un ex-supermarch reconverti en tiers-lieu pluriel (59)

Inauguré en juillet dernier, Le Central est un lieu… central, sis dans le centre-ville de Fourmies près du théâtre, du cinéma et de la médiathèque. « Mais il est aussi central parce que ce sont les habitants de la commune qui l’ont co-conçu et lui ont donné son nom. Et central car emblématique de la dynamique de transformation de la commune. » À l’origine du projet, « il y a le souhait du maire, Mickaël Hiraux, de donner un nouvel élan à la ville, commune rurale de l’Avesnois, ex-bastion ouvrier où le taux de chômage frôle les 30 %. Et ce, en s’inscrivant dans la stratégie de transformation des Hauts-de-France nommée Rev3, inspirée de la pensée de l’économiste et sociologue Jeremy Rifkin – une troisième révolution industrielle résiliente, alliant transitions énergétiques et écologiques, numériques et sociétales », explique Marie Henneron, directrice du projet Rev3 à Fourmies.

« Au départ, en 2015, nous n’avions que notre bonne volonté. Alors nous nous sommes dit qu’il nous fallait un totem, et le tiers lieu a sonné comme une évidence », poursuit-elle. Choix a été fait d’y aller pas à pas, afin de voir ce qui fonctionnait, ou pas. Et en associant les habitants à la réflexion. Ce sont eux qui, via des word-cafés, ont dessiné les contours du tiers lieu préfigurateur au Central : le L@bo, ouvert en 2017 dans un préfabriqué proposait Fablab, salle de réunion et espace de coworking. Pas à pas, les habitants s’approprient le lieu. « Avoir le sentiment de répondre ainsi à un besoin non honoré sur le territoire nous a donné confiance », souligne Marie Henneron. En 2018, la ville acquiert donc un ancien supermarché en friche – un espace de 2 100 m2 que la commune, aidée par l’État, la région et le département notamment, transforme en laboratoire de la résilience.

Écoconception

Là encore, les habitants participent au design du lieu. Lors d’ateliers, ils mettent en avant leur envie d’avoir un studio d’enregistrement, une salle de répétition de musique, ou des commerces - qui prendront finalement la forme d’un restaurant travaillant des produits locaux. En parallèle, un tiers lieu mobile, la Fourmilière, est créé et propose des ateliers numériques aux publics éloignés des pratiques numériques et aux scolaires.

Sur site, les travaux battent leur plein à compter de 2020 – et se font terrain d’apprentissage pour une vingtaine de Compagnons. La municipalité opte pour le projet d’un cabinet d’architecte sobre foncièrement. « Nous ne voulions pas grignoter inutilement du terrain mais bien miser sur le réemploi, du bâti comme des matériaux », explique Marie Henneron. La charpente est ainsi conservée, un mur se mue en dalles pour le parvis, d’autres matériaux se font terrazzo sous les mains des enfants du centre socioculturel. La vêture et l’ossature du bâtiment sont réalisées en bois d’essence régionale. L’eau de pluie est récupérée pour alimenter les W.-C et l’arrosage. « Raccordé au réseau de chaleur de la ville, le Central est aussi chauffé à 90 % en énergies renouvelables issues de l’entretien des haies bocagères. Et il produit plus de 60 % de ses besoins électriques grâce à des panneaux photovoltaïques, fournissant même l’électricité à neuf bâtiments municipaux. », souligne Marie Henneron.

Ateliers en accès libre

Géré en régie directe par la commune, hormis le restaurant qui lui paie un loyer, le Central emploie quatre personnes - une à l’accueil et trois autres qui animent le FabLab – et mobilise régulièrement Marie Henneron ou Marion Lefevre chargée de projets numériques pour la ville.

À l’intérieur, entre terrasse et espaces d’exposition – retraçant l’histoire du lieu, ou donnant à voir les œuvres d’artistes locaux – il permet aux habitants de travailler en coworking, de se former au numérique, de se restaurer, de faire réparer son petit électroménager, d’enregistrer un morceau de musique, etc. Couture, impression laser, rédaction de CV… divers ateliers sont aussi proposés, en accès libre sur réservation. Hors salles de réunion, salle de répétition et studio d’enregistrement, loués à la demi-journée ou à la journée (avec tarifs réduits pour les locaux), l’accès au Central et à ses activités est gratuit pour les Fourmisiens et les habitants de la communauté de communes du Sud Avesnois. Pour les personnes extérieures, l’adhésion est de 80 € par an (20 € pour les étudiants). « Aujourd’hui, notre défi c’est de faire comprendre à tous que ce lieu est le leur, d’accentuer la coopération avec les acteurs locaux et rester cohérent sur la nature du projet », pointe Marie Henneron.

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