La voiture reste de loin le premier mode de transport pour les déplacements domicile-travail, confirme une étude de l'Insee rendue publique ce 13 février. Ce document, qui s'appuie sur des données datant de 2015, est riche en enseignements pour comprendre les difficultés liées à la dépendance à la voiture des habitants des territoires ruraux et périphériques, à l'origine de la crise des gilets jaunes.
Parmi les 23,2 millions de salariés habitant et travaillant en France (hors Mayotte), 70% utilisaient principalement leur voiture pour aller travailler, nous apprend l'Insee. Les transports en commun arrivent loin derrière (16%). Les autres modes de transport utilisés sont la marche (7%) et les deux-roues, motorisés ou non (4%) tandis que 3% des salariés n’ont pas besoin de se déplacer pour exercer leur activité professionnelle.
"Le mode de déplacement utilisé pour se rendre à son travail varie selon le lieu de résidence, souligne l'institut de statistique. Il dépend notamment de l’offre de transports en commun, liée elle-même à la densité du tissu urbain." Paris, la petite couronne autour de la capitale et Lyon sont les seuls lieux où les transports en commun supplantent la voiture, note l'Insee. 68,6% des salariés parisiens utilisent ainsi les transports en commun contre 10,7% la voiture. À Lyon, seule "ville-centre" des aires urbaines de plus de 400.000 habitants dans ce cas, 40,7% des salariés ont recours aux transports en commun contre 34,9% la voiture. Mais dans toutes les autres villes-centres, la voiture est le mode de transport principal. Elle concerne toutefois moins de 45% des salariés à Grenoble, Strasbourg et Bordeaux, les trois villes où l’usage du vélo pour aller travailler est le plus développé, ainsi qu’à Lille, deuxième ville après Lyon où les transports en commun sont les plus utilisés.
Par contre, dès que l’on s’écarte des villes-centres, la part de la voiture augmente et celle des transports en commun diminue. C'est le cas dans la grande couronne parisienne (72%). Même phénomène autour des métropoles de province de plus de 400.000 habitants où la part de la voiture est de 50% dans la commune centre, mais atteint 76% dans le reste du pôle urbain et plus de 86% dans la couronne. "Dans les territoires faiblement urbanisés, prendre sa voiture pour aller travailler est le quotidien de plus de huit salariés sur dix, l’utilisation des transports collectifs devenant rare", souligne l'Insee. Dans le Cantal, la Creuse, la Lozère, la Vendée et le Gers, "moins de 2% des salariés" y ont recours.
L'emploi de la voiture prédomine "quelle que soit la distance", note encore l'Institut. Parmi les 7,5 millions de salariés vivant et travaillant dans la même commune, la moitié (51%) font le trajet en voiture. 18% préfèrent la marche et 16% les transports collectifs. Les Franciliens utilisent nettement moins leur voiture que les autres salariés (22 % contre 57 % sur le reste du territoire national) et ont davantage recours aux transports en commun. Dès que les salariés doivent quitter leur commune de résidence pour aller travailler, la part de la voiture augmente par contre fortement. Elle atteint 47% pour les Franciliens et 89% sur le reste du territoire. Dans un cas sur deux, les salariés parcourent en voiture plus de 15 kilomètres pour atteindre leur lieu de travail et dans un cas sur quatre, plus de 26 kilomètres. Les distances s’allongent notamment pour les personnes habitant des territoires peu denses.
En 2015, 14 % des salariés, soit 3,3 millions de personnes, prenaient chaque jour leur voiture pour se rendre sur leur lieu de travail situé à plus de 25 kilomètres de leur domicile, relève l'Insee. Cette part varie fortement selon le département de résidence. Elle dépasse ainsi 25% dans l’Oise, l’Eure et l’Eure-et-Loir. À l’inverse, elle est inférieure à 5% à Paris et dans la petite couronne. "À un niveau géographique plus fin, cette proportion est particulièrement importante à la périphérie des grandes et moyennes agglomérations, où elle peut localement dépasser 50%", observe l'Insee.
Par catégorie professionnelle, cadres et employés utilisent moins la voiture (respectivement 63% et 65%) que les professions intermédiaires (75%) et les ouvriers (78%), mais pas pour les mêmes raisons. Les employés marchent davantage car ils travaillent plus souvent à proximité de leur domicile – ils sont plus de quatre sur dix à travailler dans leur commune de résidence alors que cette proportion est de trois sur dix pour chacune des autres catégories socio-professionnelles. De plus, 6% des employés n’ont pas à se déplacer, notamment les assistantes maternelles. À l’inverse, les cadres exercent plus souvent leur activité professionnelle loin de leur commune de résidence, mais ils utilisent davantage les transports en commun. Leurs emplois sont plus concentrés dans les grands pôles, mieux desservis en moyens de transports : 65% des emplois salariés de cadres sont concentrés dans les pôles des aires urbaines de plus de 400.000 habitants, contre 47% pour les professions intermédiaires, 42 % pour les employés et 32% pour les ouvriers, rappelle l'Insee.
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