Si le secteur culturel semble plutôt bien résister à la crise - avec une hausse des dépenses de consommation culturelle -, le mécénat en ce domaine connaît en revanche un recul prononcé. L'essentiel des financements provenant des entreprises, on pourrait croire que celles-ci, fragilisées par la crise ou simplement inquiètes, réduisent leurs dépenses de mécénat. Une étude réalisée par l'institut CSA pour le compte de l'Admical (Carrefour du mécénat d'entreprise) montre pourtant qu'il n'en est rien. Réalisée en février 2009 auprès de 300 dirigeants d'entreprises de plus de 100 salariés, cette enquête montre en effet que seules 14% des entreprises mécènes envisagent une baisse de leur budget consacré à cette activité. Pour 73% d'entre elles, ce budget va rester stable, tandis que 11% annoncent qu'ils vont l'augmenter. Par ailleurs, 83% des entreprises mécènes (et 48% des non-mécènes) déclarent qu'il ne s'agit pas là d'un luxe et 68% (49% chez les non-mécènes) l'estiment important dans le contexte actuel.
La difficulté est donc propre au secteur de la culture et résulte d'une tendance de fond plutôt que d'un repli conjoncturel. Domaine privilégié du mécénat lorsque celui-ci a commencé de se développer dans les entreprises françaises, la culture se voit progressivement délaissée au profit d'autres champs, comme le mécénat social ou celui autour du développement durable. Cette tendance apparaît très nettement dans l'étude de l'Admical. Ainsi, parmi les entreprises intervenant dans le secteur de la solidarité (65% de l'échantillon), 13% déclarent qu'elles vont augmenter leur budget mécénat et 6% le diminuer (le solde correspondant à des budgets stables). Pour les entreprises intervenant dans le secteur de la recherche (16% de l'échantillon), 20% vont l'augmenter et 4% le diminuer. Mais, dans le secteur de la culture (57% de l'échantillon), 22% des entreprises annoncent qu'elles vont au contraire diminuer leur budget mécénat, tandis que 8% seulement prévoient de l'augmenter... Engagée dans le mécénat depuis 1983, la Caisse des Dépôts illustre cette évolution nationale. En 2006, elle s'est ainsi retirée du secteur des arts plastiques et a fait don de l'essentiel de sa collection au musée d'Art moderne de Saint-Etienne et au Centre Pompidou, tandis qu'elle renforçait son mécénat en direction des quartiers en difficulté en dégageant entre autres un budget supplémentaire consacré à un programme Lecture. Elle continue néanmoins à soutenir la musique classique et contemporaine.
L'enjeu est loin d'être anecdotique puisque près du quart des entreprises de 20 salariés - soit près de 30.000 entreprises - pratiquent le mécénat, qui bénéficie d'un régime fiscal favorable (réduction d'impôt égale à 60% du montant du don effectué en numéraire, en compétence ou en nature, dans la limite de 0,5% du chiffre d'affaires HT). Au total, les entreprises apportent un financement de 2,5 milliards d'euros. Sachant que le mécénat culturel en représente 39%, ce sont ainsi 975 millions d'euros qui financent le patrimoine ou le spectacle vivant. Un chiffre qui représente le tiers du budget du ministère de la Culture. Les collectivités sont également très directement concernées par un éventuel recul du mécénat culturel. Les entreprises sont en effet très présentes aux côtés des collectivités dans le financement de grands festivals (Vivendi pour le festival d'Aix-en-Provence, BNP pour la Folle Journée de Nantes...), dans la restauration du patrimoine ou dans l'organisation d'expositions.
Jean-Noël Escudié / PCA
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