L'Observatoire Veolia des modes de vie urbains mis en place par Veolia Environnement a présenté le 7 juillet les résultats de son étude "Villes à vivre - 2010" réalisée par l'institut de sondage TNS Sofres. Après une première enquête en 2008 sur l'état de la vie en ville menée dans quatorze métropoles mondiales, l'édition 2010 s'est focalisée sur sept grandes villes – Paris, Londres, Chicago, Sao Paulo, Le Caire, Bombay et Pékin – et sur la perception qu'ont les habitants des défis environnementaux. 7.000 personnes ont été interrogées (1) et 200 experts internationaux ont apporté leur contribution parmi lesquels Rajendra Pachauri, président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec).
Premier enseignement de l'enquête : même s'ils la jugent éprouvante, les habitants aiment leur ville. Globalement, 80% des personnes interrogées se disent satisfaites. Bien sûr, les résultats varient dans des proportions importantes d'une ville à l'autre. Les habitants de Bombay sont ceux qui apprécient le plus leur ville (95%). Ceux de Paris et Londres en ont également une très bonne opinion (82%). La proportion de mécontents est plus importante au Caire et à Sao Paulo mais même dans ces deux villes les taux de satisfaction restent élevés (respectivement 66 et 69%). Partout, le niveau de satisfaction est lié au choix, subi ou non, de vivre en ville. Plus d'un tiers des citadins n'ont pas choisi de l'être mais parmi eux, 65% s'estiment satisfaits de leur ville. Parmi les plus sévères à l'égard de leur ville figurent les foyers les moins aisés (75%) et ceux qui ont plus de deux heures de transport quotidien (76%).
Interrogés sur les difficultés rencontrées dans leur ville, 56% des personnes placent en tête le prix des logements. Viennent ensuite l'insécurité (39%), la pollution (35%) et les difficultés à trouver du travail (29%). Là encore, on retrouve des spécificités locales très marquées. A Sao Paulo, Chicago et Londres, plus de 6 habitants sur 10 redoutent l'insécurité. A Paris, le prix des logements est considéré comme la principale difficulté, devant la pollution et l'insécurité. A Sao Paulo, à Bombay et au Caire, la pollution est aussi citée parmi les principaux problèmes et un Pékinois sur 2 souhaite également que l'amélioration de la qualité de l'air soit une priorité des responsables municipaux. Seules les villes de Londres et de Chicago semblent épargnées par ce problème.
Sécurité, qualité des transports en commun et de l'eau du robinet en tête des attentes
Interrogés sur les critères les plus importants pour bien vivre en ville, les habitants citent d'abord la sécurité, le fait de disposer de très bons transports en commun et d'une eau du robinet de très bonne qualité. Viennent ensuite l'accès à des logements à prix raisonnable, l'absence de danger pour la santé, un coût de la vie raisonnable, la facilité à se déplacer et des possibilités d'emplois importantes. Mais selon leur profil, les citadins n'ont pas les mêmes préoccupations : ceux qui vivent en immeuble accordent plus d'importance à la réduction du bruit, les femmes sont plus sensibles que les hommes à la sécurité et à l'éclairage la nuit, les foyers avec enfants sont plus préoccupés de mixité sociale des quartiers et de solidarité entre voisins, les personnes ne disposant pas de voiture sont encore plus attachées à l'efficacité des transports en commun. Les transports et la mobilité sont d'ailleurs des problématiques qui prennent de l'importance avec l'âge des habitants, pour atteindre un taux de 92% chez les plus de 55 ans. Selon les personnes interrogées dans l'enquête, les priorités d'action pour les responsables de la ville devraient d'abord être la réduction de la circulation automobile et le développement des transports en commun puis, bien après, l'amélioration de la qualité de l'air, le développement des espaces verts, l'amélioration de la propreté, la réduction du niveau de bruit, l'amélioration du ramassage des déchets et du service de l'eau. Mais globalement, l'attachement à la voiture reste important : si les habitants de Pékin, Londres, Sao Paulo et Bombay sont très nettement favorables à une réduction de sa place dans la ville, ceux de Paris, Le Caire et Chicago sont nettement plus partagés.
Pour l'avenir, 44% des citadins estiment que la qualité de vie dans leur ville va s'améliorer. Les habitants de Pékin et de Bombay affichent leur optimisme avec respectivement 86% et 62% d'habitants confiants dans l'avenir. A l'opposé, 47% des Parisiens et 50% des Londoniens s'attendent à une dégradation de leur qualité de vie. Globalement, 72% des personnes interrogées souhaitent voir leurs enfants grandir dans leur ville mais ce taux tombe respectivement à 58% et à 51% pour les Parisiens et les Londoniens.
Des habitants qui croient d'abord en eux-mêmes pour améliorer l'environnement
L'enquête montre également que plus des deux tiers des citadins jugent que face aux problèmes environnementaux, ils devront changer leur façon de vivre. 59% croient aussi que les actions en faveur de l'environnement favoriseront le développement économique. Ils sont aussi 92% à croire avant tout en leur propre action pour traiter les questions d'environnement. Les associations humanitaires et les ONG arrivent en deuxième position en termes de crédibilité. Les citadins ne sont en revanche que 47% à avoir confiance dans le maire de leur ville en matière d'environnement. Parmi les efforts qu'ils sont prêts à faire, ils citent d'abord la réduction et le recyclage de leurs déchets, l'utilisation plus fréquente des transports en commun, la réduction de leur consommation d'eau et la limitation de leurs déplacements en voiture en ville. En revanche, ils ne sont que 6% à se dire disposés à payer une taxe à la ville pour l'environnement.
Au terme de cette étude, une typologie des attentes des citadins a pu être établie en fonction de la plus ou moins grande importance accordée aux questions environnementales dans la ville et du niveau de satisfaction et d'optimisme vis-à-vis de la ville de demain. 32% des citadins apparaissent ainsi comme "investis". "Plutôt jeunes (30-39 ans), ils sont impliqués dans les enjeux de développement durable et confiants dans le fait qu'ils sont porteurs de changement", a commenté Brice Teinturier, directeur général adjoint de TNS Sofres. 14% appartiennent à la catégorie des "pragmatiques". "Ils ont intégré les problématiques environnementales dans leurs vies de citoyens sans pour autant croire à une transformation radicale de leur ville, a expliqué Brice Teinturier. Ils sont prêts à jouer le jeu, à limiter leurs déchets, à prendre les transports en commun". On trouve dans cette catégorie plus de femmes et d'habitants de Chicago, Londres et Paris. 22% des citadins interrogés sont considérés comme "urbanophiles". "Satisfaits de leur ville et de leur mode de vie, ils voient l'avenir avec optimisme et les enjeux environnementaux sans alarmisme, a noté Brice Teinturier. Ce sont en majorité des hommes, plutôt jeunes, qui font davantage confiance dans la science pour résoudre les problèmes environnementaux". On retrouve dans cette catégorie nombre d'habitants de Bombay. Enfin, 13% des citadins sont classés dans la catégorie des "déçus" et 19% dans celle des "repliés". Les premiers reprochent à leur ville de ne pas suffisamment prendre en compte les dimensions environnementales, "non par idéalisme mais parce qu'ils en souffrent au quotidien", a souligné Brice Teinturier tandis que les seconds ne se projettent pas dans leur ville et sont donc peu enclins à la rendre "plus durable". On trouve dans cette dernière catégories des gens plus âgés – 50 ans et plus – plus sensibles aux questions de sécurité et plus attachés à la place de la voiture en ville.
Anne Lenormand
(1) L'enquête comprenant 30 questions a été menée du 16 mars au 15 avril 2010 auprès d'un échantillon représentatif de chaque ville (classe socio-professionnelle, sexe et âge), pour les deux tiers on line et pour le tiers restant en face à face.
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