Dans un climat de rigueur budgétaire, les crédits alloués au ministère de la Culture pour 2011 ont plutôt bien tiré leur épingle du jeu, avec une augmentation globale de 2,1 % (voir notre article ci-contre du 30 septembre 2010). Mais cette progression d'ensemble recouvre des écarts parfois très importants. Comme Localtis l'indiquait dans son article ci-contre du 8 novembre 2010, le secteur des musiques actuelles voit ainsi ses crédits très fortement rognés : -46 % pour le nombre de scènes de musiques actuelles subventionnées (de 133 à 72), -26 % pour les crédits correspondants (de 9,10 à 6,67 millions d'euros) et -13,6 % pour les orchestres permanents. Ces baisses sont d'autant plus significatives que les crédits affectés au spectacle vivant, dans son ensemble, ne reculent que de 0,47 %, à 663,36 millions d'euros. Cette situation n'a pas échappé aux acteurs des musiques actuelles. Le Syndicat des musiques actuelles (SMA) et la Fédération nationale des écoles d'influence jazz et musiques actuelles (Fneij-Ma) viennent en effet de publier une note pour s'inquiéter de ce recul des subventions de l'Etat.
Horizon bouché
Certes, cette baisse est, pour partie, artificielle. Elle résulte de la réforme des labels, qui a conduit à restreindre le nombre de scènes labellisées. La subvention moyenne accordée à ces dernières devrait d'ailleurs s'en trouver nettement revalorisée. Selon le ministère de la Culture, les scènes recalées devraient néanmoins bénéficier de financements au titre des "autres lieux de création et de diffusion". Mais la nette augmentation du nombre de structures financées sur la ligne de crédits correspondante (+78 %) conduira à une forte réduction de la subvention moyenne, qui devrait passer de 140.606 euros en 2010 à 78.720 euros en 2011. Les musiques actuelles se trouvent ainsi placées dans une situation paradoxale. D'un côté, elles connaissent une hausse incontestable de la fréquentation des spectacles, comme l'a montré la récente publication Chiffres de la diffusion 2009, par le Centre national de la chanson, des variétés et du jazz (CNV), même si cette hausse bénéficie surtout aux grosses productions (voir notre article ci-contre du 13 septembre 2010). Les festivals - autre vecteur important de diffusion des musiques actuelles - connaissent également un succès croissant (voir notre article ci-contre du 24 septembre 2010). Mais, de l'autre côté, la réduction des financements publics risque de compromettre ces bons résultats et de fragiliser les scènes petites ou moyennes. Les professionnels s'inquiètent d'autant plus qu'ils sont bien conscients du manque de solutions alternatives. Confrontées elles aussi à des difficultés budgétaires, les collectivités territoriales - à commencer par les départements - n'ont pas forcément les moyens de prendre le relais des subventions de l'Etat (voir notre article ci-contre du 17 septembre 2010). Le mécénat culturel - qui joue un rôle important dans le financement des festivals - subit, pour sa part, un recul sans précédent avec un volume de financements passé de 975 millions d'euros en 2008 à 380 millions en 2010 (voir notre article ci-contre du 13 octobre 2010).
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