Alors que Muriel Pénicaud visitait ce mardi le CFA Simone-Veil à Rouen, toute l’attention des acteurs de l’apprentissage est portée sur le plan de soutien du secteur que la ministre du Travail doit présenter "d’ici quelques jours", a confirmé Bruno Le Maire sur RTL également le 2 juin. "Nous travaillons avec Muriel Pénicaud à des soutiens – d’accompagnement des jeunes qui vont arriver sur un marché du travail sinistré – sous forme notamment d'aide à l'apprentissage", a décrit le ministre de l’Économie. Les mesures envisagées figureront dans le troisième projet de loi de finances rectificatif (PLFR), qui sera présenté le 10 juin en conseil des ministres, a-t-il détaillé.
Alors que l'apprentissage a connu un succès record l'an dernier, "es promoteurs craignent que la crise ne vienne briser cette dynamique. Le Medef a notamment demandé une aide de 10.000 euros pour le recrutement d'un apprenti avant le 31 décembre, tandis que l'U2P (artisans) a estimé qu'il fallait une mesure pour permettre qu'"il y ait zéro coût pour une entreprise qui prend un apprenti".
Également favorables à la création d’une "aide exceptionnelle" pour soutenir financièrement les PME de moins de 50 salariés qui souhaitent recruter ou conserver un apprenti, le réseau des CMA (chambre des métiers et de l’artisanat) – fort de ses 100.000 jeunes formés dans 112 CFA - propose de plus "la garantie apprentissage". Véritable "pacte de confiance dans le temps", ce dispositif viserait à "assurer la possibilité de conclure dès maintenant un contrat d'apprentissage, tout en décalant la prise d'effet si l'entreprise accueillante n'est plus en mesure d'assurer la formation de l'apprenant".
La formule présente, selon le réseau des CMA, plusieurs avantages. Le premier est de sécuriser l'accès au contrat d'apprentissage et le parcours des apprentis en pérennisant et renforçant les dispositifs de pré-apprentissage, en particulier la prépa-apprentissage et la préparation opérationnelle à l'emploi collective (Poec).
Les CMA proposent aussi de prolonger la mesure prise par l’ordonnance du 2 avril qui permet de passer de 3 à 6 mois le temps au CFA pour un jeune sans contrat d'apprentissage. "La prise en charge des Opco (opérateurs de compétences) débutera au premier jour de la formation", précise le réseau des CMA. "Le relais pourra être pris par les conseils régionaux pour une nouvelle période de six mois, afin de garantir la possibilité qu'une entreprise signe le contrat d'apprentissage lorsque sa situation économique le lui permettra." À l’instar des adhérents de la Fnadir, les CMA souhaitent relancer la communication sur l'apprentissage par le biais d’une campagne d'information auprès des jeunes, des familles et des entreprises, avec l'ensemble des partenaires (régions, Opco, branches, organismes professionnels, service public régional de l'orientation...) sur le thème "on vous garantit l'apprentissage", mais aussi de portes ouvertes dématérialisées.
Enfin, il faut "donner aux CFA une visibilité plus importante sur leurs financements et leurs investissements, en prolongeant d'une année (jusqu'au 31/12/2022) les niveaux de prise en charge par les Opco", assure, à l’instar de nombreux acteurs, le réseau des CMA.
Ainsi, bien qu’écartées du financement de l’apprentissage depuis le 1er janvier 2020, les régions souhaitent revenir dans le jeu. Pointant "l’inadaptation en période de crise" du mode de financement des CFA au contrat ("coût contrat") risquant de "mettre en péril" une grande partie de l’offre de formation, l’association Régions de France préconise "un rééquilibrage du financement de l’apprentissage" et de compléter la logique du "coût contrat" par des mesures d’accompagnement décidées au plus près des besoins du terrain. "Les régions connaissent les CFA et le tissu économique de leurs territoires, elles demandent à être dotées financièrement pour remettre en place une politique régionale de soutien à l’apprentissage", argue Régions de France.
Parmi "les mesures d’urgence" pour soutenir l’apprentissage évoquées par Régions de France figure également des dispositions exceptionnelles en direction des entreprises pour les inciter à recruter. "L’apprentissage dans le secteur public constitue également une alternative intéressante pour permettre de professionnaliser des apprentis", ajoutent les régions. "Des marges de manœuvre doivent être recherchées au sein du budget d’intervention de France compétences, en lien avec les moyens dont disposent le CNFPT".
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