"Comme de nombreuses mamans, je me suis dit que les poupées fabriquées en Asie du Sud-Est avaient pu être mises en boîte par un enfant du même âge que ma fille." Cette prise de conscience a poussé Lucile Bernadac a créer sa propre entreprise de peluches, Papili, dans les quartiers nord de Clermont-Ferrand. Mais c'est une véritable filière équitable qu'elle a développée à travers le monde. Le coton est récolté au Mali avant de passer par les Vosges où il est tissé, teint en Ardèche pour être définitivement assemblé en peluches en Tunisie. Tout au long de la chaîne, Papili s'assure de la responsabilité sociale et environnementale des sous-traitants. Plus de 70 boutiques à travers la France distribuent aujourd'hui la marque Papili. Comme Lucile Bernadac, ils sont quinze. Quinze candidats pour une place en "finale" : la remise du prix spécial des Talents des cités du Sénat qui sera décerné samedi 20 octobre au Palais du Luxembourg. Après six mois de sélections à travers les régions, tous peuvent estimer avoir déjà gagné. Eux, ce sont des "jeunes des cités", c'est-à-dire habitant les quartiers de la politique de la ville, repérés par le réseau des boutiques de gestion pour leur projet d'entreprise. Pour cette cinquième édition, 350 dossiers ont été épluchés. Les 40 lauréats retenus au niveau régional ont bénéficié d'une enveloppe de 1.500 ou 3.000 euros pour leurs projets en cours de création ou déjà créés. Un jury, composé de sénateurs, chefs d'entreprise et élus, a en ensuite choisi les 15 meilleurs candidats pour la sélection nationale, avec une nouvelle bourse de 7.000 euros à la clé. Chacun d'eux est parrainé par une grande entreprise partenaire qui décerne elle-même son prix : Caisse d'Epargne, Casino, Suez, Caisse des Dépôts, RATP, etc.
"Prouver la validité de l"ascenseur social"
Ils sont également appuyés par des "coachs" du Club du XXIe siècle, un réseau constitué de personnes issues de l'immigration et de tous horizons (entrepreneurs, avocats, professeurs, etc.). C'est le cas d'Eos Networking, prix 2007 de la CDC : un projet porté par quatre jeunes entrepreneurs de Seine-et-Marne. Leur idée : créer un bureau d'études virtuel pour répondre aux besoins des PME pour qui ces services sont généralement trop chers. Grâce au soutien du concours Talents des cités et à la crédibilité qu'il leur a donnée, ils réalisent les derniers tours de tables et prévoient de s'implanter en ZFU à Meaux. "Nous avons bénéficié à plein de l'ascenseur social, nous souhaitons aussi montrer la validité de cet ascenseur social et prouver que c'est possible", témoigne Joël Solis, l'un des quatre partenaires, d'origine péruvienne.
Depuis sa création par Claude Bartolone en 2002, le concours a résisté aux alternances et a bénéficié à 220 porteurs de projets. 70% d'entre eux sont toujours en activité. Mais au fil des temps les dossiers se sont épaissis constate Laurence Cussac, coordinatrice du concours. "Ce n'est pas un concours de start-up, on essaie de mettre en valeur la dimension entrepreneuriale et citoyenne du projet, c'est-à-dire, une intelligence à développer une activité économique sur un territoire donné, explique-t-elle. Mais la dimension internationale des projets est un phénomène assez nouveau, le concours est finalement assez révélateur de ce qui se passe dans la société." Pour la sénatrice Bariza Khiari, porte-parole de Talents des cités et membre du Club XXIe siècle, le concours a une autre vertu : "Nous en avons assez d'être représentés par l'infirme minorité de délinquants et de barbus, la grande majorité travaillent, mais sont invisibles. Avec cette initiative, nous avons voulu donner une image à ces réussites personnelles."
Michel Tendil
Le Sénat, la Caisse des Dépôts, la Délégation interministérielle à la ville (DIV), l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (Acsé), les Boutiques de Gestion, et des partenaires privés : les Groupes Caisse d'Épargne, Casino, Suez, les Fondations Vinci, RATP, Schneider Electric, SFR, Talan et le Club du XXIe siècle, le groupe HEC, la Presse quotidienne régionale (SPQR), FinanCités.
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